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Tentative d’assassinat à la librairie Publico

 

Même si notre site est en sommeil depuis deux ans (juin 2017), nous rompons ce silence et publions un bref communiqué, pour des raisons que le lecteur comprendra sans peine.

Dans un pays où le bonapartisme du grand capital mutile, gaze, maltraite, enferme et méprise hommes, femmes, vieillards et enfants, bref tout ce qui s’oppose à lui, ou même fait seulement mine de le faire ; dans un pays où la population, de plus en plus excédée, est censée s’habituer à se taire malgré qu’elle dépérisse, ou de devenir immédiatement, et sans l’application d’aucune règle, la victime d’une politique terroriste qui scandalise même l’Union européenne et l’ONU ; dans un pays par conséquent où toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver l’affront quotidien infligé à la population, et où l’on pourrait consacrer ses journées entières à relever les infamies commises en masse, nous nous permettrons pourtant de relever un fait parmi tant d’autres.

Il s’agit d’une tentative d’assassinat politique commise en plein centre de Paris, au milieu d’un quartier où les jeunesses festives viennent du monde entier dépenser leur argent sur des terrasses animées 24 h sur 24, et où la joie de consommer des cocktails à 15 Euros ne s’arrête jamais, avec ou sans selfie.

Mais le lieu où ce crime a été perpétré n’intéresse personne parmi ce public épris de lui-même : puisqu’il s’agit d’une librairie. Et, il faut le préciser, d’une librairie où ne se vendent que des livres, sans aucune des activités dérivées qui faciliteraient qu’on puisse tolérer l’ennui qu’inspirent les livres, ces objets d’une autre époque : restauration, débit de boisson, salon de thé, à titre d’exemples.

Pour aggraver le cas, il s’agit d’une librairie anarchiste, la librairie Publico, qui est aussi le siège du périodique Le Monde libertaire. Voici dans quels termes elle a elle-même délivré l’information :

Paris, le 3 mai 2019

Tentative d’assassinat au siège du Monde Libertaire 

Un compagnon anarchiste a été violemment attaqué à coups de couteau dans la librairie Publico hier après-midi. A priori, rien ne montre qu’il s’agisse de le viser spécifiquement mais plutôt l’organisation dans laquelle il milite : la Fédération Anarchiste.

Nous ne nous laisserons pas impunément menacer, intimider ou violenter. Nous continuerons à lutter et à porter, même en ces temps d’obscurantisme, haut et clair, nos messages politiques, qui sans doute dérangent en ces temps de lutte. Nous continuons le combat contre cette société qu’on nous impose.

Solidarité avec notre compagnon, Solidarité avec Publico,

Vive l’anarchie

(source : https://www.monde-libertaire.fr/?article=Communique_de_la_Federation_anarchiste_(3_mai_2019)).

Depuis la date du 3 mai, aucun organe de presse ni média audiovisuel ne s’est intéressé à cette tentative d’assassinat : pourtant, la catégorie du fait divers est de nature à susciter généralement l’intérêt passionné des médias contemporains, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais quel intérêt trouver aux mésaventures d’un anarchiste ? Le monde médiatique a mieux à faire : inventer quotidiennement des mensonges à propos des gilets jaunes, voire reproduire simplement les mensonges du pouvoir, et aussi bien, le lendemain et le surlendemain, publier des semi-démentis plus ou moins confus permettant de faite durer la chose, permettant de concilier mensonge systématique et bonne conscience acquise pour pas cher.

Certains lecteurs ne manqueront pas de nous trouver injustement sévères, et feront observer que la presse, peut-être, n’était simplement pas au courant, un peu comme ce ministre de l’intérieur qui dispose de plus de renseignements que quiconque mais prétend n’apprendre ce qui se passe qu’une fois que tout le monde en est déjà certain depuis plusieurs jours.

Mais ces lecteurs, derniers vestiges d’une crédulité devenue indéfendable, se trompent de fond en comble. Le Monde libertaire a organisé le 9 mai une conférence de presse à laquelle avaient été invités une centaine de journalistes. A l’issue de cette conférence, l’observateur impartial peut désormais tabler avec une tranquille certitude sur ce qui reste de la regrettée éthique professionnelle de la presse : car c’est une seule journaliste qui est venue assister à cette conférence (au titre du quotidien 20 minutes).

Nous ne contribuerons donc pas à ce complot du silence, mais pour autant, nous n’imposerons aucune conclusion à ce tableau, pensant qu’il se suffit largement à lui-même.

 

Les Amis de Némésis

En format PDF: Tentative d’assassinat à la librairie Publico


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