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Variations sur la critique du nucléaire

par Jean-Pierre Baudet

 

Pour ce site, l’année 2016 commencera par une publication muséographique.

Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le cœur du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl s’était mis à fondre, causant une catastrophe de dimension mondiale.

En septembre de la même année, le manuscrit du livre Tchernobyl, anatomie d’un nuage était achevé, un texte à propos duquel Guy Debord écrivit :

« J‘ai lu ton manuscrit en un jour, aussitôt que je l’ai reçu, au tout début d’octobre, et je l’ai renvoyé dès le lendemain à Floriana 1, en lui conseillant de le publier au plus vite. Je lui ai envoyé cinq ou six observations à te transmettre, mais qui ne concernent que des vétilles. Vu le sujet, et l’urgence, je crois que tu ne dois même pas perdre de temps pour resserrer, stylistiquement, de peut-être deux ou trois pages sur l’ensemble ; ce qui donnerait ici ou là un peu plus de force. Mais tu as très bien dit qu’il ne peut y avoir un style approprié quand il s’agit de parler de telles choses. Dont la force plus grande sort de ces pages, hélas, d’une manière terrifiante. C’est le premier texte typographique qui ne devrait pas être évalué en cicéros, en points, en signes ; mais en becquerels !

Je ne vois aucune incompatibilité avec le texte de Semprun 2, qui est très brillant littérairement, mais qui parle d’une expérience malheureusement dépassée ; et qui aussi va beaucoup moins loin dans la théorisation de la perversion complète de toute l’ancienne méthodologie scientifique ; renversement qui clôt une période d’environ 500 ans (dont tout le monde, bien sûr, est plus ou moins imprégné pour longtemps encore). Il me paraît au contraire qu’il est bon que les Éditions Lebovici publient ces deux livres, faute d’en avoir trois. Ces Éditions, au moment malheureux où nous nous trouvons, apparaissent en somme comme le seul pôle de résistance générale au mensonge dominant. Il est nécessaire que la vérité profonde de l’énergie nucléaire y soit bien exposée » (lettre à l’auteur du 26 octobre 1986).

Bien que publié avec un certain retard (en avril 1987), le livre fut néanmoins, sur un plan chronologique, la première publication consacrée à la catastrophe de Tchernobyl.

Les recensements et réactions dans la presse furent peu nombreux. La Nouvelle Alternative, revue publiée de 1986 à 2007 et centrée sur l’Europe de l’Est, lui consacra notamment un article dans son numéro 7 de septembre 1987, de même que la revue Politique étrangère, en avril 1988.

Un groupe de réflexion réuni autour de Charles Reeve (Jorge Valadas), publiant à cette époque une revue confidentielle nommée Les cahiers du doute, écrivit un article assez détaillé sur le livre, méritant une réponse de l’auteur. C’est cette réponse, intitulée Variations sur la critique du nucléaire et communiquée à l’époque aux Cahiers du doute, que nous présentons dans sa version originale, et qui peut figurer comme prolongement de la réflexion entamée dans le livre. Quant à l’article des Cahiers du doute, malheureusement nous n’en disposons plus, mais nous sommes bien sûr prêts à le mettre en ligne également, si quelqu’un en possédait toujours un exemplaire.


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