Archive pour le mot-clef ‘américanisation’

Pas de quotas sans identité

par Les Amis de Némésis

 

Voilà une nouvelle qui rassure:

http://news.yahoo.com/jj-abrams-impose-des-quotas-dans-pour-inclure-plus-131207326.html

Comme dit l’article, « ses futures productions seront ainsi plus représentatives des Etats-Unis ».

C’est évidemment l’objectif essentiel d’un film, peu importe s’il joue dans la Grèce antique, dans une autre galaxie ou bien dans une banlieue de Naples: il faut « représenter les Etats-Unis », donc, reprendre des quotas de femmes, d’homosexuels et de noirs. C’est grâce à cette « discrimination positive » qu’on envisage le plus sérieusement du monde un James Bond de couleur, par exemple. Ou féminin, pourquoi pas. Si la femme s’appelle toujours James, sera-t-elle queer?

A force de voir dans tous les films (même animaliers?) des femmes, des noirs et des homosexuels, on finira bien par oublier ce que c’est dans la réalité que d’être femme, noir ou homosexuel. Tout le monde devra être satisfait puisque les quotas auront été respectés. Cerise sur le gâteau: on pourra montrer des femmes aussi rigides que les hommes, des noirs aussi dominateurs que les blancs, et des homosexuels accros au business comme un WASP. Que de beaux modèles de réussite à suivre!

Mais « représenter les Etats-Unis », c’est un programme bien plus exigeant que cela. Il faudra aussi qu’Achille et Hector mâchent du chewing-gum, que Robin des Bois joue sur son Smartphone, que Marie-Antoinette prenne sans cesse des photos, que Staline couche avec Joukov. Il faudra aussi déterminer quelle était la lessive préférée de Marie Curie, ou la marque de voitures à laquelle restait fidèle Antonio Gramsci. Enfin bref, il faudra faire un gros effort pour que chaque film se concentre sur le quotidien, le banal, la consommation, la version moléculaire, microscopique, des « identités ». Une succession d’instants publicitaires : voilà qui ouvrirait d’appréciables perspectives pour le financement de la production du film. Dis-moi ce que tu bois, je te dirai qui tu es, mais surtout combien je contribue au financement.

Peut-être qu’en allant jusqu’au bout de cette lancée, on pourrait enfin éradiquer intégralement l’idée saugrenue que quelqu’un, à tel ou tel moment de sa vie ou même de l’histoire universelle, aurait pu penser. Ce ne sera plus la peine: son « identité » pensera désormais pour lui.

 


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