Remèdes au terrorisme islamique

Par Tarik Ben Hallâj

Comment le combattre et l’éliminer efficacement et durablement, en douze points.

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« Le monde arabe n’est qu’un château de cartes construit par des puissances étrangères au mépris des aspirations des autochtones »
(Oled Yinon, sioniste mais lucide, dans : Kivunim n°14, février 1982)

Sans préjuger des liens éventuels entre les attentats du 11 septembre 2001 et ce que les médias occidentaux regroupent sous l’appellation de « terrorisme islamique » (liens au sujet desquels rien ne nous semble pour le moment avéré et prouvé), il paraît de toute façon opportun de recadrer la perspective dans laquelle ce terrorisme peut être amené à disparaître. Pour le combattre et l’éliminer efficacement et durablement, il suffirait en effet d’adopter les mesures suivantes dans les pays arabes, mesures dont on pourra d’ailleurs observer que les Etats-Unis d’Amérique les entravent et les combattent depuis des décennies, par tous les moyens à leur disposition. Seuls les pays qui adopteront ces mesures pourront donc affirmer de façon crédible qu’ils se sont inscrits en faux contre le terrorisme et, du même coup, contre l’américanisme planétaire ; et seuls les pays occidentaux qui les soutiendront dans ces transformations pourront affirmer de façon crédible avoir lutté pour l’éradication du terrorisme.

1.

Augmentation immédiate du prix du pétrole payé aux pays producteurs, et rapatriement dans ces pays du revenu actuellement transféré et investi à titre privé en Occident et notamment aux USA par la petite clique de ses bénéficiaires locaux ; abandon de tout contact avec les multinationales pétrolières, qui sont d’indescriptibles parasites ; raffinage et distribution du pétrole dans le cadre d’un consortium comprenant l’ensemble des pays producteurs ; répartition de l’intégralité de ce revenu entre tous les pays arabes de façon à financer la modernisation des équipements sociaux et productifs, ainsi que l’indépendance alimentaire dans ces pays ;

2.

Annulation de l’intégralité de la dette des pays arabes, comme du Tiers-Monde en général, sous condition que le montant intégral de cette dette soit affecté sans délai aux besoins de la population et sous le contrôle direct de celle-ci ;

3.

Renversement des Etats existants, et notamment des monarchies du Golfe et des autres régimes monopolisant le revenu du pétrole ou tenant la population dans la servitude caractéristique de « sujets » féodaux, militaires ou bureaucratiques ; abolition, une fois pour toutes, de l’idée infantile de dynasties, de généalogies et de familles dirigeantes, et de leur légitimité en tant que « descendants du Prophète » (qui ne pleurerait pas d’avoir engendré une telle descendance ?) ; instauration dans tous les pays arabes de démocraties directes exprimant les besoins populaires sans distinction de fortune, de religion, d’origine tribale ou d’autres critères de division désuets et haïssables ; dépassement à tout jamais de l’opposition empoisonnée entre parlementarisme frelaté à l’occidentale et monarchie despotique à l’orientale ;

4.

Unification du monde arabe sur ces bases, qui seules permettent de le faire ; refus du statut de « nations » du Tiers-Monde exploitées par le capital international et par ses mandataires locaux ; abolition des frontières artificielles instaurées par les colonialistes, non pas pour fractionner les actuels territoires nationaux en divisions tribales encore plus restreintes, mais au contraire pour recomposer l’ensemble du monde arabe comme véritable communauté ainsi forgée dans la lutte contre la servitude et la médiocrité ;

5.

Réduction de l’islam à une question privée, et dotation de tout le monde arabe d’un mode de vie laïc permettant d’intégrer la population dans son ensemble, sans aucune distinction religieuse ; attribution de cette leçon d’humanité aux Israéliens, puis dissolution de l’Etat d’Israël par sa population en lutte contre ses propres dirigeants, car fatiguée de sa propre canaille intégriste et envieuse d’un bonheur qu’elle ne connaît pas encore ; remplacement de la lecture du Coran par celle de Khàyyàm et de Hàfiz ;

6.

Application immédiate et intégrale des résolutions relatives à Israël hypocritement adoptées par l’ONU et restées lettre morte, restitution par Israël de tous les territoires occupés, démantèlement inconditionnel des « colonies » israéliennes, indemnisation par Israël des Palestiniens lésés, blessés ou maltraités pendant les années d’occupation et de domination militaire par Israël ;

7.

Emancipation totale et sans aucune restriction des femmes, propagation de la constatation que la liberté leur va à ravir dès le plus jeune âge ; abolition de toutes les caractéristiques de la société patriarcale ;

8.

Reprise et élargissement de la tradition d’hospitalité en remplaçant l’amour du prochain par l’amour du lointain (ce qui est le sens premier de toute hospitalité), et en respectant l’humain sous toutes ses formes, au plus parfait mépris des limitations nationales, tribales, religieuses ou ethniques ;

9.

Reconstruction du monde arabe sur la base d’une production communautaire, axée sur la valeur d’usage individuelle et collective, et sur la préservation de l’environnement, sans imiter davantage l’économie marchande occidentale et ses nombreux travers ;

10.

Destruction de la croyance que la richesse se compte en chameaux ou en pétrodollars, propagation de la certitude qu’elle consiste en liberté de penser, en liberté d’agir, en chaleur communautaire ; et, par voie de conséquence, engagement collectif à considérer et à traiter en ennemis irréconciliables tous ceux, Arabes ou non, qui s’accrochent à la conception périmée de la richesse, et qui comptent continuer à en jouir en privilégiés solitaires ;

11.

Lancement d’un nouveau genre de spectacle de rue dans lequel les maigres escogriffes ascétiques et intégristes réfugiés dans les grottes de la montagne afghane sont ridiculisés au même titre que les flasques tas de graisse couverts d’or et de soie qui se vautrent dans les palais de Riyad et d’ailleurs.

12.

Le lecteur, qui aura bien voulu suivre jusqu’ici nos propositions, aura compris de lui-même que ce programme, aussi modeste qu’il soit, ne peut être accompli que par un vaste mouvement révolutionnaire, dont les prémisses se voient dans la jeunesse iranienne qui clame « A bas les mollahs ! » en pleine rue, et que ces mesures constitueraient un préalable minimal à toute transformation révolutionnaire de la société dans ces pays et seraient les prémisses de l’apparition d’une vie authentiquement désaliénée. On ne peut attendre l’accomplissement de ces mesures d’aucun Etat, mais seulement du mouvement qui abolira l’Etat.

Une fois que les pays arabes auront réalisé ce programme, non seulement le terrorisme aura disparu, avec la misère matérielle et morale qui lui sert de base, mais les Arabes verront les populations des pays occidentaux venir sur place prendre des leçons et s’inspirer de ces splendides réalisations. De telles mesures seront enfin à la mesure de l’orgueil des pays arabes, orgueil qui sonne si faux et si ridicule de nos jours : au lieu de vouloir stupidement et vainement forcer le monde non musulman à adopter l’islam, il importe de lui apporter pratiquement la démonstration qu’un monde meilleur que lui est possible, à partir d’une communauté vivante et libre ; qu’un autre lien entre les hommes est possible que l’affreuse division internationale du travail et de l’exploitation, sur le modèle occidental. Voici la vraie et grande carte que la oumma possède, et qu’elle doit jouer : elle doit éviter tous les pièges de la médiocrité occidentale contemporaine sans retomber dans la misère de son propre passé aliéné.

Le 20 octobre 2001

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