Communiqué à propos de René Riesel

Par Les Amis de Némésis

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Aucun de nos lecteurs ne peut ignorer que nos analyses, c’est le moins qu’on puisse dire, ne rejoignent pas les positions avancées par René Riesel et ses proches. L’opposition entretenue par Riesel, L’Encyclopédie des Nuisances, In extremis, Los Amigos de Ludd, Notes et Morceaux choisis aux nécrotechnologies, aux manipulations génétiques et au saccage intéressé de la planète ne mériterait que d’être approuvée, si elle ne s’accompagnait pas des revirements théoriques les plus scandaleux, dévoyant l’ancienne critique radicale au bénéfice d’une ahurissante revalorisation du travail, de la petite entreprise et, plus généralement, des traditions.

Riesel vient de faire à ses dépens l’expérience de ce qu’est devenu, inéluctablement, le syndicat paysan dont il y a peu il était encore Secrétaire National. Il identifie, mais un peu tard, ses compagnons de route d’hier comme formant un marécage citoyenniste. En réalité, l’objectif initial ¾ la lutte contre la manipulation génétique ¾ s’avère simultanément trop radical pour entraîner des syndicalistes, et trop restreint pour susciter un mouvement social : mais qui pourrait s’en étonner ? C’est cette contradiction, non viable, qui est à l’origine de l’actuel cul-de-sac. Riesel ne prend ses distances avec ce résultat tactique (sur le mode : « le recours tactique au parapluie Conf était une première erreur stratégique », in : Lettre du 3 septembre 1999 de René Riesel à José Bové) que pour éviter d’en prendre avec le défaut originel de la position théorique défendue par sa mouvance (la réduction des multiples impasses capitalistes à la domination par la technologie). En revanche, le refus qu’oppose à présent Riesel à la tentation de se protéger derrière des faux-fuyants syndicaux, et de négocier sa libération, comme d’autres, avec l’Elysée ou avec la Cour Européenne de Justice (et donc de reconnaître l’autorité de l’Etat), est sans nul doute estimable. De plus, personne ne peut ni ne doit rester indifférent aux mesures d’emprisonnement qui se profilent, qui sont de toute évidence inacceptables.

Sur un plan général, nous demandons donc que tous ceux qui s’en prennent par l’action au faux dialogue social soient libres de le faire, sans qu’aucune mesure répressive ne vienne les frapper. Il est strictement impossible pour quiconque de se faire entendre sans rompre avec les conditions truquées de la « concertation ». Sur un plan particulier,  nous entendons continuer à critiquer les perspectives défendues par Riesel. Mais comme, pour de multiples raisons, on ne peut point critiquer les positions d’un homme emprisonné, il importe donc d’autant plus que René Riesel n’aille pas en prison, afin qu’il demeure exposé à de saines critiques. Nous considérons enfin comme parfaitement risible le motif invoqué par les autorités pour incarcérer ceux qui ont détruit des semences transgéniques. L’ordre dominant est un système permanent de violence et de destruction. Dans le cours du monde tel qu’il est, la destruction de semences transgéniques n’a même pas le poids d’un détail. Pire encore, comment peut-on ranger parmi les innombrables pratiques destructives (destruction de la vie des hommes, de leur simple survie, de leur santé mentale, des espèces animales, de l’air, de l’eau des mers et de l’eau des fleuves, du climat, de la lointaine ionosphère) la destruction d’un élément destructeur ? Que les gardiens du système ne soient pas portés à comprendre le caractère positif d’une double négation n’a sans doute rien de surprenant, mais il n’existe assurément aucune raison respectable de les suivre dans cette myopie volontaire. Aux tenants de l’acharnement judiciaire, on ne peut que dire : Bas les pattes !

Le 16 décembre 2002

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