Nouvelles d’Algérie II

Par Khaled SATOUR

Télécharger au format PDF : nouvelles_algerie

La France se prépare à faire de 2003  » l’année de l’Algérie « . Mais de quelle Algérie ? Personne ne peut faire mine de croire qu’il s’agit de l’Algérie terre et peuple, histoire et civilisation, en un mot de l’Algérie vivante d’hier et de demain, d’une Algérie apaisée de ses déchirements actuels. Où trouverait-on aujourd’hui cette Algérie éternelle dans un pays qui se meurt sans cesse d’interminables souffrances ? Et quel cÅ“ur aurait-on à célébrer sa dépouille dans des festivités organisées conjointement avec ses prédateurs ? Comme, de part et d’autre, la diplomatie supervise  » l’année « , les préséances régleront tout, et on fera dire au protocole, c’est à dire à la fiction, que c’est l’Algérie qui mandate son Etat (ministres, grands commis, ambassade et consulats y compris) pour la représenter. Mais personne ne peut non plus décemment faire mine de croire que l’Algérie s’incarne dans le régime. Rarement, nation ou peuple se sont aussi peu identifiés symboliquement ou positivement à un Etat que la nation et le peuple algériens à l’Etat actuel.

S’il est vrai que cet Etat est l’entrepreneur politique, économique et social dominant, c’est parce que, par la force et la manÅ“uvre, il garde captives de ses rouages toutes les expressions, qu’il privatise à son profit les espaces politique et social, les confinant dans les cercles des oligarchies politico-militaires, et retardant sans fin la fondation de la citoyenneté. Au cours de la dernière décennie, il a  » modernisé « , dans un contexte de répression extrême et de violations massives des droits de l’homme, le monopole qu’il exerçait auparavant par l’entremise du parti unique. Retenant et désamorçant toutes les contestations dans ses rouages, il a su, à l’image de  » l’Etat retors  » décrit jadis par Maurice Joly,  » créer lui-même son opposition, l’enfermer dans des formes convenables et y attirer les mécontents « . L’Algérie peut de ce fait donner l’illusion d’un pluralisme suralimenté de suffrage universel et d’une liberté de la presse assez habilement contrefaite pour qu’un expert tel que M. Hervé Bourges, président de l’année, puisse feindre (avec si peu de vraisemblance !) de s’y tromper.

Cet appareil a étouffé en Algérie même toute voix qui ne procédait pas de lui (ou de ses démembrements médiatiques et sécuritaires), détourné à son profit tout mouvement qui le contestait, allumé les foyers encore incandescents du terrorisme et du massacre de masse, plus récemment ruiné dans le sang et le chaos les acquis de vingt années de revendications démocratiques en Kabylie. A ce prix-là, sans doute, il a su demeurer l’incontournable meneur du jeu politique, capable de réduire toute initiative, toute protestation, d’où qu’elles viennent, à l’étroite dimension de ses luttes internes. Mais ceux qui, pendant une décennie, dans un combat inégal, ont dénoncé la terreur et la désinformation et ont pu, sinon pleinement convaincre de l’ampleur des exactions qu’il a commises, du moins rassembler et faire connaître les pièces du dossier qui l’accable, ceux-là doivent s’opposer à ce qu’il s’achète une année de jubilé en France.

Car le régime, qui a dilapidé le patrimoine minier, financier, agricole et industriel du pays, entend aujourd’hui s’approprier le patrimoine culturel et historique, la mémoire résistante de l’Algérie (et les aliéner, en l’occurrence, dans le cadre d’une réhabilitation concomitante de l’entreprise coloniale). Il compte mettre à profit à cette fin un long show d’une année au cours duquel les institutions les plus prestigieuses de la société civile et de l’Etat français accueilleront en lui le promoteur suprême des arts et des lettres. Ainsi, ceux-là mêmes qui blanchissent, en partie dans les circuits financiers et économiques français, leur argent sale de la rapine et de la corruption blanchiront-ils sous les lambris de la Comédie Française et du Musée de l’Homme leurs mains sales de la répression. En vérité, 2003 ne sera qu’une année de plus pour l’Algérie, où l’oppression, l’arbitraire et le meurtre ne nous accorderont pas de répit. Aussi bien, la grande manifestation qu’on lui dédiera en France n’est-elle pas vouée à laisser un souvenir plus glorieux que la grande exposition coloniale de 1930. Il faut donc appeler au boycott de  » l’année de l’Algérie « . Un boycott aussi présent et agissant que possible sur les lieux des festivités. Pour rappeler aux réalités vécues dans le pays : l’impossible deuil des victimes de la violence, des torturés, des familles de disparus. Pour proclamer qu’on ne peut célébrer dignement l’Algérie, rendre l’hommage qu’ils méritent à ses grandes figures, ses héros et ses créateurs et nier à la justice le droit de s’établir dans leur patrie.

Novembre 2002

Adresse web : http://www.algeria-watch.de/farticle/tribune/satour_annee_algerie.htm

Source : Tract vu affiché dans Paris en janvier 2003

Décembre 2002

Auteur : Collectif pour l’insurrection algérienne et contre le terrorisme d’Etat

Par Djazaïr

Une année de l’Algérie en France: Le meilleur des mondes…

A

lors que la réalité de la gestion de la société algérienne par le massacre et le terrorisme d’Etat apparaît jusque dans les cours de justice française (procès Nezzar / Souaïdia, procès des attentats de 1995 à Paris, etc.) ;

A

lors que toute la société algérienne, prise en otage, colonisée par la mafia des généraux et l’oligarchie internationale de l’industrie pétrolière, est, dans l’indifférence mondiale, en état d’insurrection ouverte contre un pouvoir honni ;

L

a France, en organisant une telle diversion « culturelle » (à laquelle de nombreux algériens sollicités ont déjà refusé de participer), continue à soutenir le régime génocidaire d’Alger et à entretenir le silence et le mensonge sur sa sinistre acceptation de la politique terroriste algérienne, intérieure et diplomatique. BOYCOTT de l’année de l’Algérie : Collectif pour l’insurrection algérienne et contre le terrorisme d’Etat.


Par Les Amis de Némésis

6 janvier 2003

Télécharger au format PDF : nouvelles_algerie